[WIP 100%] Réparation d'un Juju Densetsu avec les contrôles KO

Comme je vous l'avais dit il y a quelques semaines, j'ai acheté sur eBay un bootleg de Juju Densetsu. J'avais un peu mauvaise conscience parce que pour une fois, il était en état de marche.
Je ne l'ai pas payé cher parce que je suis le roi des enchères, mais je suis aussi le roi des pigeons parce que finalement, il s'avère qu'il est injouable!
L'annonce montrait des photos de l'attract mode sur lesquelles tout semblait bien aller. Par contre, une fois le bouton Start pressé, on s'aperçoit assez vite que le stick et les boutons ne répondent pas!

Pour ceux ici qui ne savent pas à quoi ressemble un bootleg, en voici un .



Je repars du brochage JAMMA, et je suis les pistes des contrôles jusqu'aux puces sur la première rangée. Il s'agit quasi toujours de réseaux de résistances / condensateurs qui gèrent le pull-up et l'anti-rebond, à côté de buffers qui permettent consulter l'état des boutons.



On en parle en détails dans le WIP sur la réparation des contrôles du slot MVS par ici: https://www.neogeo-players.com/t3785-wip-100-reparation-d-un-slot-mv-1fs-en-erreur-z80-creation-d-une-cartouche-de-test-audio#133230
Avec l'adresse adéquate, le contrôleur de mapping mémoire donc on parle par ici...  https://www.neogeo-players.com/t3891-wip-100-reparation-d-un-pcb-thunder-hoop
... va basculer l'état des boutons sous la forme d'un mot de 8 ou 16 bits sur le bus de données du CPU. On voit sur le schéma qu'il s'agit de triggers de Schmitt, qui participent activement à l'anti-rebond en ajoutant de l'histérésis à l'équation. On peut en parler si ça intéresse quelqu'un.



La broche /E ci-dessus, quand elle est passée à l'état 0, va rendre accessible l'état des différents boutons. Ce modèle de buffer est bi-directionnel, mais dans le cas présent, s'agissant de contrôles, les signaux arrivent par en haut, et sortent pas en bas.

Voyons ce qui se passe au niveau des entrées...
Je place une sonde d'oscilloscope sur la broche correspondant au bouton A du premier joueur.



Ici, on voit le pull-up en action: tant que je n'appuie pas sur le bouton, la résistance de pull-up tire le signal vers le niveau haut:



Et quand j'appuie sur le bouton, je mets la ligne directement à la masse et la résistance de pull-up devient énorme en comparaison avec un fil. On obtient alors un niveau bas.
On dirait bien que jusqu'ici, tout se comporte comme on est en droit de l'attendre (à ce stade, sur le slot MVS, on avait déjà un problème).



Je vais maintenant sonder l'horloge, pour essayer de savoir si le problème provient du buffer, ou de la logique qui le commande (le memory mapping).



Et là, je commence à transpirer, parce que je m'attendais vraiment à un buffer mort. Résultat: l'horloge n'est jamais déclenchée. Ce qui signifie que l'état des boutons n'est jamais placé sur le bus de données.



Pour m'assurer qu'il y a bien un problème, je sonde le buffer juste au-dessus, qui gère les crédits et le bouton start. Lui a bien un signal d'horloge...
Et puis juste après, je réfléchis un peu et je me dis que tant qu'une partie n'a pas commencé, le programme n'a aucune raison de lire l'état des contrôles!
Je mets donc un crédit, et...



Ouf, j'ai bien un signal d'horloge quand je suis en jeu. Ca va compliquer un peu le boulot, parce que sans bouger, une partie passe très vite! (le machin vert vous arrive dessus direct)

Je branche maintenant 2 sondes sur la puce. La première (bleue) sur le signal d'horloge, et la seconde (rouge) sur la sortie du buffer correspondant à l'appui sur le bouton A.
Je configure un trigger sur la descente du signal d'horloge (sonde bleue) pour voir ce qui se passe au même moment sur la ligne rouge.



Je démarre le jeu, je lance une partie (eh oui...), et... On voit bien la fenêtre de lecture, en bluu, mais le signal rouge ne bronche pas dans la fenêtre. Il descend après (ce qui correspond probablement à l'activité normale du bus de données, vraisemblablement pendant la lecture de la prochaine instruction à exécuter par le CPU.



Je fais un montage sur les signaux du bouton Start (horloge en bleu, signal Start en rouge) pour voir ce qui se passe quand tout va bien.



Voilà ce qu'on observe quand on n'appuie nulle part: le signal rouge reste en haut dans la fenêtre de lecture bleue.



Et quand on appuie, le signal en rouge passe à l'état bas dans cette même fenêtre.



Au passage, on observe que les signaux sont pleins d'oscillations pas très propres. Ca, c'est parce que je n'utilise pas la pince rattachée aux sondes permettant de références les signaux à la masse de la puce. Au lieu de celà, je prends la masse avec un câble de quelques dizaines de centimètres via l'entrée du générateur de signal du microscope, et au niveau de la masse du connecteur JAMMA. Ca m'évite de brancher ma pince de partout pendant le sondage, mais ça fait des signaux franchement pas propres.

Quoi qu'il en soit, le buffer qui gère le stick et les boutons est mort!



Beaucoup de cartes utilisent ce genre de buffers, notamment pour de la génération de sprites. Et vu que je commence à avoir réparé quelques trucs, j'en ai quelques uns en stock.
Si vous êtes intéressés par la compatibilité des séries 74LS, 74HC, 74HCTLS et compagnie, on peut en discuter .



Ici, je fais une vérification rapide. Il faut savoir que quand travaille sur une puce logique sans état (dont les sorties dépendent de l'état des entrées à un instant T, sans tenir compte de leur état précédent, comme ce serait le cas pour une bascule), on a quelques chances que la manip pas propre de l'enfer fonctionne....
Et cette manip, c'est le piggybacking. Quand j'entends ça, je pense tout de suite à un cochon sur le dos d'un autre. En fait, c'est a priori un synonyme de "greffe". En clair: on place un composant par-dessus le composant fautif en s'assurant que toutes les pattes soient en contact, comme ça:



Et à partir de là, suivant la panne, et en particulier si les sorties de la puce fautive sont en état flottant, la puce de remplacement va imposer ses sorties.
Le résultat est probant: les contrôles fonctionnent. Il ne reste plus qu'à remplacer la puce fautive.



Je commence par désolidariser les 2 cartes pour faciliter les opérations de dessoudage / soudage.



J'observe de magnifiques traces de rouille, qui s'avèrent être superficielles. Les pistes ne sont pas endommagées. Je nettoie quand même parce qu'il y en a pas mal un peu partout.





Comme d'habitude, je marque les broches à dessouder pour éviter les bêtises...



J'en profite pour couper les broches trop longues. Ca arrive souvent aux alentours du circuit d'amplification audio (et notamment l'ampli lui-même, qui a des pattes méga longues), et il vaut mieux que les pattes soient courtes pour éviter les courts-circuits malencontreux.



J'ajoute de l'étain sur les broches à dessouder



J'espire tout ça au pistolet à dessouder...



Et hop, magique, la puce reste solidement en place. Le plan de masse me fait des misères et de l'étain bloque la puce sur la face opposée.
Je finis donc, comme d'habitude, au pistolet à air chaud!



Les tous dans la plaque étant minuscules, j'en bave un petit moment pour insérer un support (j'ai des photos), et je finis par décider de souder la puce directement sur la carte.



Hop, soudage direct...



Et boom, une fois la soudure terminée, les contrôles du jeu fonctionnent correctement, comme on pouvait s'y attendre après le piggybacking.



Par contre, en jouant, je m'aperçois que certains décors animés ont des soucis de transparence. Là ou il devrait ne rien y avoir, on retrouve du blanc qui n'a rien à faire là. Ici: la fumée qui sort du volcan en arrière plan.
Ca arrive dans les 20 premières secondes du premier niveau, puis quasiment plus jusqu'à au moins la fin du 3ème (je n'ai pas réussi à aller plus loin avec 1 crédit ).
=> Du boulot pour une autre fois, ça ne m'empêche pas de jouer comme un foufou, c'est plus agréable que sur ma Lynx (même s'il était génialement bien porté sur ce support)!

Si je veux documenter la réparation du bug vidéo correctement, il va falloir que je bricole mon banc de test pour avoir une sortie péritel en plus de la sortie VGA.
Gros dilemme dans la mesure où je suis le seul à consulter mes WIP (mais il leur arrive de m'être utiles!).
En plus, je me pose des questions concernant la pérennité des images sur ce forum et je me demande si je ne perds pas juste énormément de temps pour rien.

Tu voudrais remplacer le WIP photo par un WIP vidéo en fait ?

theWave a écrit:Tu voudrais remplacer le WIP photo par un WIP vidéo en fait ?

Depuis quelques mois, je double tous les WIP avec une vidéo. Je m'interroge juste au sujet de l'intérêt de ces articles pour le forum. Vu que je suis bien ici, je fais tout exclusivement ici en essayant de tout détailler pour créer une espèce de base de connaissances. Mais ce n'est clairement pas la vocation du forum, ni ce qui intéresse ses visiteurs, même quand ça parle de MVS.
Ce qui rattrape un peu le coup, ce sont les stats des vidéos, mais là encore, les sources de visite des vidéos sont quasi exclusivement 2 autres forums sur lesquels je publie uniquement les annonces de sorties.
Note que j'ai arrêté les liens vers les WIP ou les incrust NGP dans les vidéos, mais j'ai quand même la bannière dans mon identité de chaîne et je renvoie les gens vers le forum quand ils ont des questions, preuve que je vous aime toujours.
Je me pose juste légitimement la question de l'intérêt d'y passer tout ce temps alors que je pourrais m'entraîner à Puzzle Bobble 2 .

Tes WIP sont toujours une source d'intérêt pour le forum, je les lis toujours.
Après je peux comprendre que ça demande bcp de temps hélas, et c'est sûr que le "retour sur investissement" est moindre...
En même temps sur un WIP, dur dur de mesurer l'impact de ce WIP sur la toile^^
ça se trouve tu as sauvé des tas de slots MVS grâce à tes WIP et les ingrats de la toile se sont même pas inscrits pour te remercier !!

J'ai hâte de lire ton WIP de la réparation du zéro team 2000

theWave a écrit:Après je peux comprendre que ça demande bcp de temps hélas, et c'est sûr que le "retour sur investissement" est moindre...

theWave a écrit:Après je peux comprendre que ça demande bcp de temps hélas, et c'est sûr que le "retour sur investissement" est moindre...

Attention, je n'attends pas de "Retour sur investissement", je ne sais juste pas si quelqu'un lit ce que j'écris. La seule stat que j'ai aujourd'hui, c'est que quand je colle un lien vers la vidéo de réparation en fin de WIP, les stats me montrent qu'en moyenne, j'ai entre 0 et 1 vue générée sur YouTube .
Après, ça a ses avantages, j'avance dans l'ombre, je progresse tranquille sans être perturbé par les remarques des gens qui feraient mieux que moi .

snkspirit a écrit:J'ai hâte de lire ton WIP de la réparation du zéro team 2000

Ca suffit avec ça! (c'est un New Zero Team, a priori, pas un Zero Team 2000, mais ça ne veut pas dire que je me renseigne, évidemment)

Oui c'est ça, c'est la deuxième version du jeu

pour Bouz:

la pompe à dessouder tu en penses quoi ?
Je remarque que c'est pas toujours top comme rendu... Il faut souvent finir à la tresse ou autre. ça vaut l'investissement pour un utilisateur tres occasionnel d'apres toi ?

Quand tu parles de pompe, tu parles de pompe manuelle? De la pompe japonaise?
J'avais une pompe à embout dur, et ça n'aspirait pas bien. Je suis passé à la japonaise, et c'est bien mieux. Après quelques utilisations, je lui vois un inconvénient, c'est l'embout silicone (qui fait sa force) qui retient l'étain => je ne peux pas l'éjecter d'une main.
L'étape suivante, c'est la pompe "chauffante": même principe, mais avec le corps en métal, chauffant, et une espèce de buse chauffante au bout. Ca reste mécanique, et vu les coups que met le ressort quand tu aspires, la buse (métal et chaude) a tendance à abimer les PCB (je l'ai utilisée quasi eclusivement pour du capkit de télés sur des PCB simple face, et ça va pour ça.
L'étape d'après, c'est le pistolet à dessouder. Même principe, mais avec une aspiration motorisée. Il en existe avec la pompe dans le pistolet (que je n'ai pas) et avec un bloc moteur séparé (et un tuyau, du coup), c'est celle que j'ai.

Ca ne s'arrêt pas là, ce serait trop simple .
Pour du capkit sur du PCB simple face, la pompe japonaise et la pompe chauffante à ressort font parfaitement le boulot.
Sur du PCB double face et un peu plus fragile, je bannis la pompe chauffante qui fait des impacts, et je bosse avec la japonaise (parce que c'est mieux que la classique à embout dur) ou au pistolet à dessouder.

Pour ce qui est des "finitions", pour du composant traversant, pas besoin d'une aspiration complète du moment que le composant est libéré. Le fait de remettre du flux (contenu dans l'étain de la nouvelle soudure) suffit à réhabiliter l'étain restant sur place.

Dans tous les cas, après avoir aspiré et avant de tirer sur le composant, il faut s'assurer qu'il ne reste pas collé, au risque d'arracher un îlot ou une piste. Je fais ça avec des petites pinces, j'attrape les broches une par une et je les bouge pour les décoller.

MAIS... pour du capkit, ça peut le faire. Pour de la puce DIP, c'est un autre débat... Parce que là, il y en a, de la puce à décoller.

Petit apparté sur les PCB double face à trous métallisés... Il arrive qie l'était traverse le trou et soude le composant sur les 2 faces du PCB. Du coup, il faut chauffer et aspirer fort pour aspirer les 2 faces à la fois, ou dessouder les 2 faces successivement pour bien enlever tout l'étain. La galère.

Apparté bis: les broches connectées sur des plans (en général de masse, parfois d'alimentation aussi) sont particulièrement compliquées à dessouder. Quand on chauffe avec le fer, on chauffe le plan de masse et la chaleur se diffuse => il faut un gros embout de fer à souder, de la puissance, de la patience, de la haute température.

Et donc après ces appartés, le coup des puces DIP... Toutes ces problématiques multipliées par le nombre de broches, avec des lignes de signaux, donc potentiellement fines et susceptibles d'être arrachées => la galère et le stress.

Si tu as regardé l'une de mes dernières vidéos, il y a un running gag (involontaire) sur le fait que j'aspire tout bien, et que je finis au pistolet à air chaud! Le peu d'étain qui reste dans les trous, ou en surface supérieure du PCB, ou sur une broche raccordée à un plan de masse retient les puces et complique l'enlèvement en sécurité.
=> Ruban Kapton sur les alentours pour ne pas dessouder les autres composants, pistolet à air chaud sur les broches déjà aspirées, descente progressive pour éviter un choc thermique qui délaminerait le PCB, et effort léger sur la puce en même temps pour la dégager quand l'étain de ramolit. L'avantage de l'air chaud au dos de la carte, c'est aussi que ça chauffe plus largement le plan de masse et ça rend plus facile l'extraction.

Tout ça pour dire que je ne comprends pas la question, mais qu'avec une pompe manuelle, de la patience et un fer qui envoie de la puissance, on peut arriver à peu près à tout sans dégâts (attention, pas de haute température en-dehors des plans de masse, sinon on crame la colle entre les pistes et le PCB).

Mais sinon, en vrai, je passais juste pour dire que j'avais acheté le lot contenant New Zero Team dont parlait SnkSpirit ci-dessus parce que je suis un abruti qui a envie de savoir pourquoi ça ne marche pas.
En bon abruti, j'ai récupéré du coup un Thunder Fox qui ne m'intéresse pas mais que je veux bien tenter de réparer (mais qui a l'air rigolo et kitch quand même), et comble de la bêtise, je me suis laissé convaincre de récupérer en plus du lot un World Rally suicidé alors que j'en ai déjà un en état de marche!

Du bricolage en perspective.